Généalogie d’une obsession post-coloniale. La sexualité de « l’homme arabe » en France
Deux épisodes qui vont aux racines de l’obsession post-coloniale française pour la sexualité des hommes arabes autour de Mâle décolonisation. L’ « homme arabe » et la France, de l’indépendance algérienne à la révolution iranienne (Payot, 2017) de Todd Shepard – avec l’auteur, historien et professeur d’histoire à l’Université Johns Hopkins de Baltimore.
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Le premier épisode comporte
- Une définition du moment post-indépendance de l’Algérie (1962-1979) comme une période de fixation inédite historiquement de l’attention de l’orientalisme sexuel sur « l’homme arabe » viril comme modèle ou comme repoussoir (2’) ;
- Une analyse du basculement post-1979, avec un renouveau de l’attention orientaliste coloniale portée aux femmes voilées et une redéfinition de « l’homme arabe » comme « musulman » (5’) ;
- Une analyse critique de l’orientalisme sexuel des années 1968, qui fétichise « l’homme arabe » et sa sexualité « différente », « authentique » et « libérée » en parallèle de sa posture révolutionnaire (7’) ;
- Une histoire du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) au travers du prisme de ses représentations de « l’homme arabe », de sa prétendue sexualité et de son caractère « révolutionnaire » (10’) ;
- Une analyse historique de la politisation féministe du viol au cours des années 1968 au travers du prisme des controverses à l’extrême-gauche autour du potentiel raciste anti-arabes de cette politisation (notamment judiciaire), mais également des analogies et des intersections entre racisme et sexisme (30’) ;
- Une analyse du tournant symbolique de 1979 dans l’extrême-gauche française, notamment vis-à-vis des « hommes arabes » et des femmes voilées (55’).
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Le deuxième épisode comporte
- Une généalogie du discours d’une partie de l’extrême-droite post-1962 dénonçant une « invasion arabe » du territoire français résultant d’une effémination, d’une décadence et d’une soumission (notamment sexuelle) des Français – et notamment de De Gaulle et des soixante-huitards –, aux origines de l’idée actuelle du « Grand Remplacement » (2’) ;
- Une histoire de la réconciliation post-1968 de l’extrême-droite pro-Algérie française et de la droite gaulliste autour d’une dénonciation des dangers – notamment sexuels – de l’immigration algérienne, entraînant une montée des discours officiels (« seuil de tolérance »), des lois (circulaire Marcellin-Fontanet) et des actes racistes (dizaines de meurtres notamment) qui culmine en 1972-73 (26’) ;
- Une analyse des discours autour de la « prostitution » après 1945 au prisme de leur thématisation des hommes arabes comme clients et comme proxénètes (39’) ;
- Une histoire des continuités et des discontinuités du discours autour de la sexualité des hommes arabes des années 1970 aux années 2010 : montée du fémonationalisme et de l’homonationalisme, d’une culturalisation du patriarcat et de l’homophobie et d’un discours conspirationniste du « Grand Remplacement », mais aussi des constantes comme l’obsession française pour « l’homme arabe » comme ayant une sexualité dangereuse et une virilité exacerbée (1h06’).
Autres publications de l’invité
Todd Shepard est également l’auteur de :
- 1962. Comment l’indépendance algérienne a transformé la France, Paris, Payot, 2012
Pour aller plus loin
On pourra également lire à ce sujet :
- Muriel Cohen, Des familles invisibles : politiques publiques et trajectoires résidentielles de l’immigration algérienne (1945-1985), thèse d’histoire, Paris 1, 2013
- Francis Dupuis-Déri, La crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace, Montréal, Editions du Remue-Ménage, 2018
- Nacira Guénif-Soulamas et Eric Macé, Les féministes et le garçon arabe, Paris, Editions de l’Aube, 2004
- Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », Paris, La Découverte, 2013
- Françoise Vergès, Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme, Paris, Albin Michel, 2017
